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Gustav Klimt – Paul Klee aux Bassins de Lumières

La culture nous a manqué. Le public venu en nombre aux Bassins de Lumières pour découvrir l’expostion digitale Gustav Klimt – Paul Klee en témoignait.

L’ancienne base sous-marine, choisie par l’opérateur Culturespaces, a été entièrement rénovée afin de devenir un centre d’art numérique. Avec ses 42 000 mètres carrés dont quatre bassins de 100 mètres de long, l’édifice bordelais est 8 fois plus grand que l’Atelier des Lumières parisien. Ses murs bruts, marqués par la 2nd guerre mondiale, offrent une surface de projection de 14 500 m2. Des chiffres qui donnent le vertige mais qui sont aussi les garants d’une experience immersive réussie.


C’est sur cette monumentale architecture que s’épanouie aujourd’hui la Vienne symboliste de Klimt. « Gustav Klimt d’or et de couleurs » propose une déambulation au coeur de l’art innovant de ce peintre qui refusa l’académisme de son époque. Il en fût pourtant l’un de ses dignes représentants au début de sa carrière avec notamment ses décorations réalisées pour le Kunsthistorisches museum et le Burgtheater. Mais la fin du XIXe siècle apporte avec lui une envie de renouveau incarné par le mouvement de Sécession viennoise dont Klimt sera le chef de file. La rigueur académique laisse sa place à des décors foisonnants grandement influencés par la mosaique byzantine et des paysages à la perspective effacée au profit de l’harmonie. Les portraits klimtiens, bourgeois et opulents, renouvellent quant à eux la représentation de la femme. Cette dernière devient souveraine, mystique et inatteignable.

Klimt promeut un art total, où l’art décoratif ne se différencie plus des Beaux-arts et où la musique va de pair avec la création. Une volonté honorée par Culturespaces. Les oeuvres portées par la composition musicale de Luca Longobardi, immergent le spectateur et prennent, grâce au digital, une dimension symbolique.

Musique et peinture, une alliance qui se retrouve dans le programme « Paul Klee, peindre la musique » projeté à la suite de Gustav Klimt. Fasciné par la musique depuis son plus jeune âge, Paul Klee n’aura de cesse de l’accorder avec sa peinture. L’exposition nous ouvre les portes de l’imagination sans limites du peintre. Des créations enfantines et poétiques animées par la Flûte enchantée de Mozart.

Je vous recommande vivement cette expérience artistique singulière et enveloppante !

Gustav Klimt, d’or et de couleurs. Une réalisation de Gianfranco Iannuzzi – Renato Gatto – Massimiliano Siccardi – avec la collaboration musicale de Luca Longobardi

Du 10 juin 2020 au 3 janvier 2021

Cliquez ici pour un petit avant goût !


Gustav Klimt d’or et de couleurs

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Décors du Kunsthistorisches museum par Gustav Klimt – 1890 -1891
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 Serpent d’eau II – 1904-1907 
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Portrait d’Adèle Bloch-Bauer I 1907
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Portrait de Rika Munk III – 1917 / Portrait de Mada Primevasi – 1912

 


Paul Klee, peindre la musique

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Magie du poisson – 1925

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Les personnages enfantins de Paul Klee
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Frida as suas fotografias

Aux détours des ruelles animées de Porto, je suis tombée par hasard sur le « Centre portugais de la Photographie ». Ancienne prison, cet édifice, un peu austère au premier abord, est depuis 1997 un lieu dédié à la photographie.

Sur ces murs de brique, une affiche rose et le visage de Frida Kahlo.

Frida Kahlo est mondialement connue comme l’artiste mexicaine emblématique du XXe siècle. Sa vie et son oeuvre l’ont rendu fascinante. Ses créations, souvent surréalistes (bien que l’artiste ne se reconnaissait pas dans ce mouvement), restent ancrées dans l’art traditionnel mexicain. Son accident, [suite à une collision entre un tramway et le bus dans lequel se trouve la jeune Frida, une barre transperce à de multiples reprises son corps et brise sa colonne vertébrale ainsi que son col du fémur] sera l’élément déclencheur de sa peinture, seule planche de salut pour l’artiste. Ce drame restera au coeur de son inspiration et se lira à des réflexions plus profondes comme la féminité, la souffrance ou encore la marginalité. Ces dernières contribueront à faire de Frida une représentante de la pensée féministe. Aujourd’hui encore les féministes reconnaissent Frida comme telle.  L’artiste a également milité pour la cause des Femmes au Mexique.


Aujourd’hui icône internationale, Frida Kahlo garde pourtant une part de mystère. Bien que ses peintures soient immensément connues, son rapport à la photographie reste, lui, plus secret.  Je ne connaissais pour ma part que partiellement son oeuvre et ignorais tout de ses talents de photographe.

Frida était passionnée de photographie, passion qu’elle doit à son père Guillermo Kahlo, photographe germano-mexicain, qui la photographiera dès son plus jeune âge. Tout le long de sa vie elle accumulera de nombreuses photographies (plus de 6000!). A sa mort, Diego Riviera, son mari, donnera leur maison la « Casa Azul » à la ville de Mexico afin d’y ériger l’actuel musée Frida Kahlo. Diego gardera pour lui de nombreux documents, peintures et photographies Avant sa mort, il demandera à son amie Lola Odelmo d’attendre cinquante ans avant de rendre publiques ces archives.


Cette exposition était constituée de 241 photographies prises par Frida mais aussi par son père et des artistes de renom comme Man Ray, Pierre Verger ou encore Edward Weston, amis de la jeune femme. Elles traversent différentes périodes marquantes de la vie de Kahlo : sa naissance , la période « Casa Azul », en passant par son accident. L’intimité de l’artiste en noir et blanc.

Les photos révèlent une femme aussi à l’aise devant que derrière l’appareil. Frida n’hésite pas à se montrer alitée, parfois même appareillée médicalement. Pourtant sur certaines photos [voir ci dessous] son immobilité de convalescente se mêle à la lascivité voire à la sensualité. Son corps semble dépasser la souffrance, se révéler, se dénuder. Frida écrira sur la photographie : « Je sais que le champs de bataille de la souffrance se reflétait dans mes yeux. Depuis, j’ai commencé à regarder dans la lentille sans faire un clin d’oeil, sans sourire, déterminée à prouver que je serais une guerrière jusqu’à la fin » 

La photographie est aussi le moyen pour l’artiste de garder des souvenirs. La période « Casa Azul » la montre entourée de ses proches. Elle conserve de nombreuses photos de sa famille, de son père, de sa mère et ainsi que de sa soeur. Mais son mari, Diego Riviera, reste central dans sa production photographique. Fascinée par cet homme, Frida vivra une relation passionnelle et non exclusive avec lui. Ils deviendront rapidement un couple mythique. La photo est aussi celle des personnes aimées. De ses proches amis à ses multiples amours, Frida photographie son entourage. Une manière de s’entourer ? Peut-être. Elle qui connaissait plus que quiconque la solitude.

L’artiste collectionnait également de nombreuses photos de Mexico, de son histoire et de sa population. Son attachement profond pour cette ville est celui d’une artiste mais aussi d’une femme engagée. Elle déplore amèrement les changements occasionnés, notamment par les Etats-Unis. « Le Mexique [dit-elle] c’est un désordre de tous les diables, il ne lui reste rien de l’immense beauté de la terre et des indiens. Chaque jour, les sales Etats-Unis lui en volent un petit bout, c’est bien triste, mais les gens ont besoin de manger, alors c’est comme ça , le grand poisson dévore le plus petit ». Elle s’inscrira très vite au parti communiste mexicain, et se rapprochera de Léon Trotsky, à qui elle offrira l’asile politique.


A travers cette exposition, j’ai découvert une Frida Kahlo moins dure que dans ses peintures, bien qu’elle garde souvent cette même expression figée que l’on retrouve dans ses autoportraits. Elle se révèle sous une beauté totalement différente. Sa souffrance reste exposée à nos yeux, sans pudeur aucune, presque extériorisée par la photographie. Mais contrairement à la peinture, cette dernière est contrebalancée par des moments plus apaisés et heureux. Son rapport intime à la photographie, qui se sent à travers ses écrits au dos des photos ou encore dans ses amours capturés, laisse entrevoir une femme du côté de la vie et non de celui la mort, qu’elle a pourtant souvent placé au centre de son existence.

 


 

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