Nouvelle comédie de Louis-Julien Petit, Les Invisibles raconte l’histoire de l’Envol, un centre d’accueil de jour pour les femmes sans domicile fixe. Dans ce petit ilot fait de bric et de broc , les « invisibles » se retrouvent autour d’un café ou d’un jeu de cartes. Mais suite à une décision municipale, le centre doit fermer. Les trois travailleuses sociales décident alors de les réinsérer le plus vite possible…
Comédie bouleversante, Les Invisibles réussit le pari de traiter un sujet social sans tomber dans le dramatique ni le manichéen. Sa force réside dans son réalisme qui est porté par des actrices professionnelles (Audrey Lamy – Corinne Masiero- Noémie Lvovsky) mais surtout non professionnelles. En effet, Louis-Julien Petit s’est entouré de femmes qui ont connu la rue. Ce choix apporte une plus-value au film notamment du point de vue des dialogues qui sont spontanés, entre confessions et autodérision. Contrairement à d’autres comédies sociales, il n’y a aucun parti pris. Le film rend compte de manière objective des réalités de la rue à travers une esthétique de documentaire : démantèlement des installations, violence, dispositifs anti-sdf… rien n’est évacué. Cette objectivité est cependant savamment dosée afin que le film reste divertissant. Il se recentre rapidement sur la quête de dignité de ses femmes, qui réapprennent à s’aimer.
L’Envol est une sorte d’arche perdue au milieu du tumulte du réel. Un lieu presque utopique où se côtoient Lady Di, Dalida et Brigitte Macron, autant de noms d’emprunts qui font sourire mais qui révèlent aussi une volonté de faire table rase du passé. Entre ses femmes, une solidarité à toute épreuve. « Ses invisibles » sont révélées dans toute leur beauté et leur humilité. Certaines sont particulièrement touchantes comme Chantal, une mamie qui n’aime pas mentir et qui a appris en prison à réparer les objets que personne ne voulait plus. Le film met également en lumière la force incroyable et l’altruisme inébranlable des travailleuses sociales, portées par Audrey Lamy, Corinne Masiero et Noémie Lvovsky. Elles se démènent sans relâche afin de permettre l’envol de leurs protégées.
Bien qu’un peu abrupte, la fin est pleine d’espoir. Le réel rattrape les jeunes femmes, qui continuent malgré tout leur combat plus dignes et solaires que jamais, assurées que leur talent est lui bien visible.
Madame regarde 