LIVRE

La différence invisible – Julie Dachez & Mademoiselle Caroline

Tout commence avec Marguerite, une jeune femme de 27 ans. Jolie et intelligente, elle « aime les animaux et les journées ensoleillées, le chocolat, la cuisine végétarienne, son petit chien et le ronronnement de ses chats ». Sa routine métro-boulot-dodo bien rodée ne semble pas à première vue la distinguer des autres. Pourtant sa vie est faite de petits combats qui lui permettent de préserver les apparences. Et pour cause, Marguerite a du mal avec les interactions sociales et travaille en open space ; elle est hypersensible au bruit et à la lumière et ne supporte pas les imprévus qui sont pour elle une source d’angoisse. La jeune femme sent au plus profond d’elle-même que quelque chose cloche en dépit des diagnostics des médecins qui la jugent simplement anxieuse. Un jour elle craque. Bien décidée à percer le cœur du problème elle entreprend des recherches sur internet et tombe sur le « syndrome d’Asperger » qui correspond à ses problématiques. Ni une ni deux elle prend rendez-vous au Centre Ressources Autisme pour confirmer son pressentiment. Après deux longs mois, le diagnostic tombe : Marguerite « est passée du groupe des neurotypiques à celui des neuroatypiques » ; elle est autiste Asperger !

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Cette histoire est celle de Julie Dachez, l’auteur de cette BD qui est elle même Asperger. A travers les dessins de Mademoiselle Caroline, elle nous offre son portrait tout en douceur. Les dessins qui alternent entre monochromie et couleurs vives retranscrivent les changements d’humeur ainsi que les saturations sensorielles, et permettent au lecteur d’être plongé au coeur même des émotions de Marguerite. Les lignes rondes et les traits noirs apportent un caractère naïf et sensible qui contrebalance certaines scènes assez difficiles. La BD reste légère et très agréable à lire en dépit de la complexité du sujet du handicap. L’humour reste également présent et savamment dosé.

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Cette autobiographie imagée est une source riche en informations sur l’Autisme qui est encore aujourd’hui très mal connu en France. En effet, comme le souligne l’auteur dans le petit livret sur l’autisme compris dans cette BD, en France seulement 20% des enfants autistes sont scolarisés contre 80% dans les autres pays développés. A cela s’ajoute le cas particulier des femmes atteintes par le Syndrome d’Asperger qui sont sous-diagnostiquées. Et pour cause, les femmes « Aspies » ont plus de facilité à camoufler leurs particularités.

« La différence invisible » permet de sensibiliser sur l’Autisme, tout en déconstruisant les stéréotypes tel que l’autiste « qui bave et qui se tape la tête contre les murs ». Sa visée pédagogique n’enlève en rien le charme de cette histoire : en tant que lecteur on s’attache très rapidement à Marguerite, et on suit avec engouement sa vie avant et après le diagnostic. Ce dernier est un réel soulagement pour l’héroïne qui s’octroie enfin le droit d’être elle-même. C’est dans cette positivité face au handicap que réside la force de cette ouvrage, qui nous amène à reconsidérer la différence.

 

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[Julie Dachez a également un blog consacré au Syndrome d’Asperger : le blog emoiemoietmoi]

 

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