FILM

« Annihilation » labyrinthique et chimérique

Aujourd’hui leader des plateformes Streaming,  Netflix est aussi producteur cinématographique. L’un de ses derniers longs-métrages « Okja » avait fait polémique par sa présence au Festival de Cannes. En effet, le géant américain élargit les contours de la production, qui n’est plus la chasse gardée des principaux studios tels que Paramount. Avec « Annihilation » , Netflix nous propose le nouveau-né de la science-fiction. 


L’intrigue : suite à la chute d’une comète près d’une plage sur la côte Est des Etats-Unis, l’armée remarque une barrière à l’apparence mystique et potentiellement extra-terrestre. Cette dernière ne cesse de gagner du terrain et inquiète les scientifiques. Plusieurs expéditions sont envoyées mais aucune n’est jamais revenue. Jusqu’au retour d’un soldat… Lena, ancienne militaire reconvertie dans l’enseignement biologique, s’engage dans une de ces missions afin de comprendre ce qui est arrivé à son mari (le rescapé). Elle se retrouve face à un lieu onirique en constante mutation, où le temps et le psychisme semblent s’altérer.


Aux commandes du film, Alex Garland. Féru de sciences et de nouvelles technologies, il n’en est pas à son premier coup d’essai (il a notamment réalisé le fabuleux « Ex machina ») et maîtrise son sujet. La science mécanique et l’intelligence artificielle ont été remplacées par une forme de vie cette fois-ci organique.

Le casting est très attractif et met à l’honneur les femmes (ouiii). On retrouve la grande Nathalie Portman (Lena) ; Oscar Isaac (Kane, le mari de Lena) qui a auparavant incarné Poe Dameron dans les « Star Wars » 7 et 8 ; Tessa Thomson qui s’éloigne des blockbusters (elle joue Valkyrie dans « Thor Ragnarok ») pour incarner une jeune physicienne introvertie et enfin Gina Rodriguez qui opère une reconversion totale par rapport à son rôle dans la série « Jane the Virgin ».

Quand on parle de science-fiction au cinéma, il y a une certaine attente concernant la crédibilité du contexte et des propos. Le « science-fictionnel » est à la fois l’envisageable futur et l’irréalisable. « Annihilation » est très cohérent et nous entraîne dans une intrigue où se côtoie le scientifique et le chimérique. Cette coexistence est portée par des effets spéciaux de très grande qualité esthétique et visuelle, qui se rapprochent sensiblement de ceux d' »Avatar ». Le film réussit également à dépasser la simple trame narrative qu’est le combat entre le bien et le mal, en mettant en scène une confrontation entre un inconnu extra-terrestre qui ne peut se définir pleinement dans l’un de ces deux pôles. L’insaisissable en somme.

Au centre de l’étrange territoire appelé « Miroitement », la rencontre avec la forme de vie extra-terrestre se fait de manière progressive. La confrontation est d’abord scientifique, mais la violence sera souvent le seul dénouement possible. La tension est présente dès le début du film, grâce, notamment, à la BO de Ben Salisbury et Geoff Barrow (membre du groupe « Portishead »), planante et électro. Tous les ingrédients sont donc présents.

Cependant, « Annihilation » est souvent déroutant voire parfois surréaliste (sa complexité sera à l’origine du retrait de Paramount pour la production). Une science-fiction peut-être trop intellectuelle pour le grand public, tant par les réflexions qu’elle soulève que par sa fin qui reste assez obscure. Pour autant elle a, selon moi, le mérite de redonner un souffle au genre. 


En conclusion, un film d’une très grande qualité visuelle et sonore, qui conjugue philosophie et science-fiction, mais qui tend parfois à perdre son spectateur.

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