SERIE

Atypical

J’ai regardé (très en retard) la série Atypical. J’en avais entendu beaucoup de bien, mais j’appréhendais le côté larmoyant, compte tenu du sujet. Atypical, c’est l’histoire de Sam, jeune autiste de 18 ans. Comme tout jeune de son âge, l’adolescence lui a apporté un désir d’indépendance. Poussé par sa thérapeute, il décide de commencer par se trouver une petite amie. Son besoin de liberté va ébranler sa famille, qui l’avait jusque là maintenu dans un cocon.


Cette série est une totale réussite. Atypical traite d’un sujet lourd tel que le TSA (trouble du spectre de l’autisme) avec légèreté et humour. Elle ne tombe pas dans le dramatique ni la caricature, mais reste réaliste.

Le personnage de Sam est joué par l’incroyable Keir Gilchrist. Sam communique avec son entourage, mais n’arrive pas à analyser les émotions. Ses difficultés sont contrebalancées par ses nombreuses connaissances (notamment en biologie) et son côté artistique. Avec l’aide de sa thérapeute, Julia, il s’ouvre progressivement. Passionné par les pingouins, il interprète la vie en faisant des analogies entre sa réalité et le monde antarctique. Cette représentation est excellemment bien montrée par la série qui juxtapose son discours sur le monde polaire et sa vie. Sam part à la découverte, non pas de l’Antarctique comme son idole Ernest Shackleton, mais du monde adolescent.

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Sa famille, qui lui apporte son équilibre, gravite autour de lui. Sa mère est ultra-protectrice et s’est entièrement consacrée à son fils, au point d’en avoir oublié sa vie de femme, son père ne trouve pas sa place et tente de tisser un lien avec son fils. Seule sa petite sœur (interprétée par Brigette Lundy-Paine, exceptionnelle !) ne le ménage pas, afin de le préparer aux coups. Tout ce petit monde va être chamboulé mais va essayer tant bien que mal de maintenir la stabilité si importante pour Sam.

Esthétiquement la série a quelque chose de rétro. Très réaliste, elle laisse cependant une place à l’imaginaire, avec des moments plus poétiques, notamment autour des dessins de Sam. Elle propose une réelle immersion dans la tête d’une personne autiste, particulièrement lorsque Sam ressent une surcharge sensorielle et que les bruits sont décuplés.

La saison 1 se centre sur la recherche d’une petite amie et la découverte des premiers émois de l’amour. La saison 2 continue fidèlement la première en abordant d’autres questions comme la poursuite des études en faculté. Au fil des épisodes, on voit peu à peu l’éclosion de Sam , qui est mise en parallèle avec celle d’un bébé pingouin , que le jeune garçon suit activement.

C’est dans la simplicité que la série trouve sa force. Elle reste ancrée dans « la vraie vie », celle d’une famille qui fait face à la maladie. Atypical n’est pas à prendre comme un documentaire, mais a l’avantage de confronter le public à l’autisme, qui touche actuellement 650 000 personnes en France et qui est encore très mal évalué. Selon le site officiel vaincrelautisme.org, 37% des français pensent encore que l’autisme est un trouble psychologique et 80% des enfants atteints de cette maladie ne sont pas scolarisés! Aujourd’hui grâce à Atypical et plus récemment Good Doctor, l’autisme devient visible.


En suivant le parcours de Sam, on comprend rapidement le choix du titre « Atypical » : « Atypical austism » (en anglais) est un type d’autisme, mais à travers ce terme, la série questionne aussi la « normalité » : l’autisme devient l’atypique, et quoi de plus fascinant que l’atypique dans une société qui tend à s’uniformiser ?

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