Première collaboration entre Ryan Murphy et Netflix, The Politician analyse l’ascension politique d’un jeune adolescent.
Payton Hobart est un riche adolescent qui rêve de devenir président depuis l’âge de 7 ans. Pour atteindre son objectif, il a un plan : avant de s’asseoir au bureau ovale, il doit devenir président des élèves de son lycée de Saint – Sébastian, puis réussir les admissions de la très prestigieuse université d’Harvard dont sont sortis pas moins de sept présidents américains. Mais sa stratégie va se heurter à bon nombre de difficultés. La politique, même à l’échelle d’un lycée est loin d’être un long fleuve tranquille.
Une série ambitieuse
A l’image de l’ambition politique, Netflix a vu grand pour The Politician. 300 millions de dollars ont été alloués au réalisateur Ryan Murphy. Ce choix se révèle gagnant. Familier avec les créations « teenagers » (il a notamment réalisé la série Glee et Scream Queens), il est aussi connu pour des créations plus provocantes comme American Horror Story qui mêle horreur et cynisme.
Pour les connaisseurs du travail de Murphy, il y a de nombreuses similitudes entre The Politician et ses anciennes réalisations. L’esthétique burlesque et l’osmose entre tragédie et comédie sont omniprésentes dans l’anthologie horrifique (American Horror story) et sont centrales dans la série. L’ambition des élèves du club de chant de McKinley (Glee), notamment de Rachel jeune prodige qui rêve de Broadway, n’est quant à elle pas si éloignée de celle de Payton.
Le casting est également séduisant avec la présence d’acteurs aguerris. L’immense Jessica Lange (American horror story – King Kong…) campe une grand – mère manipulatrice et excentrique, Gwyneth Paltrow (Shakespeare in love, Avengers, Iron Man..) incarne la mère de Payton, soutien indéfectible de son fils mais effrayée par son ambition. Le rôle principal est interprété par Ben Platt que les plus jeunes d’entre nous ont pu voir dans Pitch perfect en chanteur à capella. Tiré à quatre épingles, un sourire crispé constamment sur le visage, le jeune homme est admirable dans ce rôle d’ambitieux qui frôle parfois l’hystérie. Son physique de jeune premier m’a personnellement fait penser à Emmanuel Macron dans ses jeunes années. Le chant, que l’acteur continue de pratiquer dans le cadre de comédies musicales, trouve sa place dans la série comme témoin de l’humanité du personnage.
Satire politique estudiantine
The Politician décrypte avec justesse les rouages du monde politique. On retrouve les conseillers de campagne, l’analyse de l’électorat mais également les réseaux sociaux qui ont beaucoup fait parler d’eux durant les précédentes élections américaines.
La série est une vraie satire politique. Le lycée devient un lieu où toutes les manipulations et autres « stratégies » sont légitimées. Cette transposition replace l’artifice et le jeu d’acteur au coeur même de la quête politique. Les lycéens sont les acteurs principaux de cette pièce de théâtre. Mais difficile de jouer un rôle à un âge où notre caractère est en construction. Payton qui s’est façonné en fonction de son destin politique se questionne à maintes reprises sur son absence d’émotions.
Et pour cause, c’est l’ambition qui dirige chacun des personnages. Exits la morale et les bons sentiments, les sujets « sensibles » comme le suicide ou le handicap sont instrumentalisés et deviennent des étendards de campagne.
Mais comme dans beaucoup de campagnes, The politician présente quelques faiblesses et ratés…
Dès l’introduction de Payton dans l’épisode 1, le ton est donné : sa destinée passe avant toutes choses. Mais les coups bas et manipulations sont bien vite remplacés par des cas de conscience qui mettent à mal la férocité de l’animal politique.
Le rythme de la série s’accorde avec cette première impression. Le début est prometteur et dynamique avec l’arrivée de personnages secondaires comme River. Mais le scénario multiplie les intrigues inutiles au détriment du développement des personnages, au point de perdre en cohérence. Les deux derniers épisodes laissent heureusement présager une saison 2 riche en rebondissements. La transition entre le lycée et la nouvelle vie new-yorkaise de Payton est certes abrupte mais permet au jeune politicien de retrouver l’intérêt qu’il avait suscité au début. Après un passage à vide, il entreprend plus motivé que jamais une nouvelle ascension : les marches de la mairie de New-York. Tout un programme ! (politique évidemment).
Madame regarde 