SERIE

Gorgeous Ladies Of Wrestling

Un néon rose s’affiche sur l’écran. La voix de Patty Smith entonne The Warrior .  Une étoile, cinq lettres. Bienvenue dans GLOW, la série que Madame a regardé (plutôt binge-watché) cette semaine ! Je suis sûrement un peu en retard, étant donné que la saison 1 de GLOW date de l’année dernière, mais la saison 2 est arrivée cet été. Alors pour ceux qui comme moi avaient boudé ce programme, un petit rappel du synopsis s’impose !

GLOW se déroule dans les années 1980 à Los Angeles. Ruth, une jeune comédienne en mal de réussite,  passe le casting de la dernière chance. Celui-ci l’introduit au sein d’un groupe de catch féminin nommé « Gorgeous Ladies of Wrestling » , mené par Sam un réalisateur bordeline. La troupe va tenter de s’imposer dans un milieu exclusivement masculin.

J’avais entendu beaucoup de bien de cette série, pourtant le coté « catch » me rebutait un peu. J’ai finalement décidé de m’y mettre en partie, je dois l’avouer, car je n’avais rien d’autre à regarder. Petit plus, GLOW a été crée par l’équipe « d’Orange is the new black », série que j’ai adoré. Ni une , ni deux j’ai enfilé mon body à paillettes.


La série nous confronte dès le premier épisode aux difficultés que rencontre une femme dans le milieu artistique. Ruth, se voit condamnée aux rôles de secrétaires ou érotiques. Face à ce choix pour le moins « cornélien » , l’émission de catch féminin devient sa bouée [à pailettes] de sauvetage. La saison 1 se concentre sur la création du groupe GLOW, et sur la relation entre Ruth et son ex- meilleure amie Debbie. On voit peu à peu émerger une réelle amitié entre les filles, qui maintiennent tant bien que mal le show à flot.

J’ai personnellement préféré la saison 2, qui laisse de côté le collectif,  au profit du développement des personnages : Sam, le réalisateur, opère un tournant, en délaissant son côté misogyne au profit de l’émotion ; Ruth quant à elle, se révèle complètement dans cette même saison. Je la trouvais un peu agaçante et insipide dans la saison 1 mais elle trouve un réel intérêt dans le seconde. Mon coup de coeur va cependant à Tammé, « Welfare Queen », qui, bien que souvent dans la démonstration, est une femme à la fois comique et touchante [l’épisode 4 de la saison 2 la met particulièrement bien en lumière].


Un combat pour l’égalité

Dans GLOW, le ring est un lieu de confrontations multiples. Des corps bien évidemment, par la lutte, mais aussi par leur diversité [carnations ; taille ; poids…], qui met KO le diktat du corps parfait. Il est également le lieu d’une confrontation des stéréotypes. Le catch est une lutte théâtrale, où chacun doit trouver son personnage.  Pour les filles de GLOW, les personnages s’inspirent des stéréotypes tristement persistants dans l’Amérique des années 80 : Tammé Dawson, belle femme noire qui joue « The Welfare Queen » (la « Reine des allocs ») , Debbie Eagan, jeune femme grande et blonde qui joue « Liberty Belle », incarnation de la classe moyenne américaine et patriote, ou encore Arthie Premkumar, jeune étudiante indo-américaine, qui joue « Beirut the mad Bomber », la terroriste. Bien que fictif, le personnage sera parfois un fardeau pour les catcheuses, face à un public très imprégné de ces mêmes stéréotypes. Le ring est aussi un exutoire pour les jeunes femmes, car le combat pour elles,  ne se limite pas à un espace entre quatre cordes.

Et pour cause, derrière le comique, les strass et les paillettes, GLOW nous éclaire sur la condition des femmes en 1980. La maternité, l’avortement, l’indépendance… autant de batailles à mener pour les catcheuses, mais cette fois ci hors du ring. 

Bien que derrières nous, ces années font parfois douloureusement écho au présent. La saison 2 met notamment en lumière les dessous du showbiz, où être actrice revient à se soumettre à un producteur. Référence non déguisée au mouvement #Metoo.


L’esthétique de la série est elle aussi très réussie. Jean taille haute, lunette aviator, vieille voiture et bonne musique , GLOW est une fabuleuse plongée dans les 80’s, qui ravira les plus nostalgiques et nous incite presque à reprendre la gym body avec Jane Fonda. L’apogée du catch 80’s arrive [seulement] à l’épisode 8 de la saison 2, qui reconstitue une émission de catch complète en reprenant fidèlement les codes du genre à cette époque : scénarios comiques, kitch et combats.


On regarde ? 

GLOW est un savant mélange de comique et de gravité. Le catch se révèle être un cadre propice à de multiples réflexions autour de la place des femmes dans la société et dans les métiers plus « artistiques » (actrices, productrices…). La série montre également les rouages de ce sport qui mêle le spectaculaire, le burlesque et la lutte, tout en gardant une place à l’intériorité et aux émotions. Les personnages sont attachants et apportent chacun à leur manière,  leur pierre à l’édifice. Originale, drôle et réfléchie, GLOW est une très belle réussite.

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