FILM

La Ballade de Buster Scruggs des Frères Coen

Le nouveau né des Coen est un sacré numéro. Film construit autour de 6 courts-métrages, La Ballade de Buster Scruggs s’implante dans le désert du Ouest Américain. La mine d’or du western, qui semblait un peu tarie dans notre cinéma moderne, est ré-exploitée avec brio par les deux frères.

Les deux cinéastes nous proposent une belle revisite d’un genre qui a fait la fortune du cinéma américain. En prenant comme appui un livre de contes, le film plonge son spectateur au coeur d’une Amérique entre mythe et réalité. Les six histoires proposées sont indépendantes les unes des autres et dressent un large panorama du Western.   On retrouve les incontournables cow-boys, saloons et autres pistolets (The Ballad of Busters Scruggs ; Near Algodones..) mais aussi des chercheurs d’or comme dans All Cold Canyon. Le format du court-métrage permet aux cinéastes de pratiquer à la fois le comique, le drame ou encore le fantastique. Bien que stimulant, ce format peut être également difficile à appréhender pour le spectateur qui passe d’une histoire à une autre ; mais aussi d’une émotion à une autre (le troisième conte Meal Ticket est particulièrement difficile). Ce film polymorphe reste malgré tout attaché au burlesque cher aux cinéastes, qui atteint son paroxysme dans le premier conte (Busters Scruggs) et est présent à travers le décalage de ton. Un humour loufoque et parfois dérangeant, qui s’associe néanmoins, à une profondeur de sens.  En effet, au delà de l’hommage au genre du Western, les cinéastes proposent de nombreuses réflexions comme la fin de la poésie au profit du divertissement de masse (Meal Ticket). Le fond et la forme se rejoignent au sein de dialogues finement travaillés.


Esthétiquement, La Ballade de Buster Scruggs est une ode à l’immensité de l’Amérique. Les paysages sont à couper le souffle (particulièrement dans All Cold Canyon et The Gad who got rattled) et sont portés par un somptueux travail sur la lumière. Pour autant, la majestuosité des décors n’évacue en rien la violence des rapports humains. La mort ponctue ces contes et est selon moi, le fil rouge de cette ballade. Enfin, le film propose également un casting de choix (on retrouve notamment James Franco et Liam Neeson) qui peut être analysé comme une confrontation entre cinéma moderne et traditionnel.

Hommage nostalgique à une Amérique qui ne perdure qu’à travers les contes, chacun  trouvera son bonheur au sein de cette anthologie westernienne qui est pour moi une vraie pépite (d’or évidemment !).

Ce film est disponible sur Netflix . Pour voir la bande annonce

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